André Glucksmann, “La tuerie continue en Syrie”—Obama’s debacle in Syria — Update #74 (August 13)

André Glucksmann, philosophe et écrivain français important, écrit, dans Le Monde du 11 août 2012, que tandis que les JO à Londres fascinent le public mondiale et les chars et les avions de Bachar Al-Assad “gâchent, sans plus, le plaisir des âmes sensibles,

“(L)a démission de Kofi Annan est accueillie par un silence tout estival. Pourtant, quand le médiateur de l’ONU en Syrie jette l’éponge, toute une époque s’achève en fiasco honteux. Ce Prix Nobel fut tour à tour numéro 1 puis numéro 2 de l’organisation internationale, diplomate ghanéen affable, il afficha des sentiments bienveillants, humanitaires et pacifiques récompensés par des résultats catastrophiques.

“En tant que numéro 2, responsable des opérations de maintien de la paix en Bosnie et au Rwanda, sa passivité couvrit le génocide des Tutsi par les Hutu. Pour les oublieux : 1994, 800 000 civils assassinés à la machette en trois mois. Kofi Annan refusa d’envoyer au général Dallaire 5 000 casques bleus pour stopper le génocide. Il publia après coup ses regrets. Plutôt qu’une sanction, notre homme reçut une promotion et evint secrétaire général de l’ONU (1997-2006). Il ne pipa mot lorsque Vladimir Poutine entreprit de rayer du nombre des vivants un Tchétchène sur cinq.

“Fallait-il croire que ce petit peuple d’un million d’habitants comptait 200 000 terroristes?”

Glucksmann explique pourquoi on ne doit pas garder de l’espoir pour un changement dans la politique de Vladimir Poutine, nous rappellant de son histoire:

“Aux rouges et gâteux conducteurs de peuples succède un éternel KGBiste, sans scrupule et sans retenue. Il faut être aussi naïf qu’un diplomate du Quai d’Orsay et de la maison de verre new-yorkaise, ou tout simplement obsédé d’élection locale, comme Barack Obama et ses semblables européens, pour imaginer, une seconde, que le bourreau du Caucase puisse s’horrifier de la liquidation d’Alep, Homs et Damas. “20 000 en un an !”, s’offusquent la presse et les ONG democratiques. “Seulement ? !”, sourit Poutine, Bachar Al-Assad, encore un effort !

“Ne spéculez pas sur les sentiments charitables des dirigeants russes. Ils ont senti le vent du boulet, offusqués qu’ils furent par la vue des rues moscovites plusieurs fois submergées par la protestation. Tout ce qui peut stopper net la contagion émancipatrice des “printemps arabes” intéresse la camarilla soucieuse de sa propre survie. Si Poutine protège Assad, c’est qu’une potentielle victoire d’Assad protège Poutine. Une rébellion écrasée dans le sang, façon Tchétchénie, aurait valeur d’exemple et d’avertissement pour le peuple russe et les “voisins proches”.

“La comédie du recours ultime au Conseil de sécurité a assez duré. On ne peut indéfiniment attendre que la paupière de Poutine (et celles de ses camarades chinois) s’humecte, ou qu’une fibre d’humanité palpite dans la poitrine du tchékiste. L’échec de Kofi Annan est celui d’une communauté internationale rêveuse, qui depuis vingt ans abandonne son destin aux unanimités bidons d’un Conseil de sécurité soumis aux diktats de saint Vladimir, patron de la Loubianka.”

–André Glucksmann, “Pendant les JO, la tuerie continue en Syrie,” Le Monde, 11 août 2012 (mis à jour le 13 août 2012 le 13.08.2012 à 10h11).

If faut y réflechir, et bien, avant de nommer un successeur à Kofi Annan come Envoyé Spéciale de l’ONU pour la Syrie.

On ne doit jamais entrer dans un processus de médiation, qui suppose d’ailleurs que le médiateur soit neutre, lorsque l’une des parties est en train de commetre des crimes de guerres et des crimes contre l’humanité, comme dans le cas de Bachar Al-Assad en Syrie.

Arrêtez! Cessez les crimes! L’heure de la médiation arrivera seulement après la cessation des crimes et le cessez-le-feu.

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D’autre côté, Nicholas Sarkozy, ancien président de la France et celui qui a provoqué le monde a entreprendre l’íntervention humanitaire en Libye en 2011, a fait de fortes déclarations contre l’inaction du nouvel président socialiste, François Hollande, face aux évènements en Syrie.

Voir Matthieu Alexandre (avec Matthieu Deprieck), “Sarkozy veut coincer Hollande sur le front syrien,” L’Express, 8 août 2012.

En ce qui concerne l’ONU, selon les rapportages, le Secrétaire Général Ban Ki-Moon est prêt a nommer à Lakhdar Brahimi comme le nouvel Envoyé Spécial pour la Syrie, successeur de Kofi Annan.

Voir Mark Leon Goldberg “Can a New Special Envoy Move Syria Diplomacy?” UN Dispatch, August 13, 2012.

Pourtant, il est important de ne pas perdre de vue quelques points essentiels pour l’analyse de la situation en Syrie:

1.  L’échec de Kofi Annan était à la fois l’échec de Ban Ki-Moon, qui a été autant responsable pour le désastre de la géstion de Kofi Annan que Kofi Annan lui-même.

2. Jusqu’à maintenant, le Secrétaire Générale des Nations Unies s’est montré totalement incapable de organiser des actions visant à mettre fin à la barberie en Syrie.  Il veut poursuivre les pourparlers de Kofi Annan, avec un nouveau chef d’entretiens.

3.  Le problème en Syrie est un problème militaire, et pas un problème diplomatique.  Pour le rendre un problème susceptible à une solution diplomatique dans l’avenir, if faut maintenant utiliser des moyens plus énergiques que les mots.

4.  Dans ce moment, il n’y a aucune raison valable pour nommer un successeur à Kofi Annan comme Enyoyé Special.  Ça, c’est le jeu des Russes.  Il ne faut pas y jouer!

5.  Dans le cas où Lakhdar Brahimi sérait nommè Envoyé Speciale pour la Syrie, (a) il ne doit pas accepter le poste; et (b) dans le cas écheant, les pays qui sont las de jouer ce jeu avec les Russes au sein de l’ONU ne devraient pas colaborer avec lui, donné que sa mission tend à attraire toute l’attention de la presse internationale sur sa gestion et sur ce que les Russes pensent, ou disent, ou acceptent ou n’acceptent pas. Ce temps doit être fini.

6. Les Russes, ainsi que les Chinois, ont joué un role de mauvaise foi, de appui aux crimes meutrières du regime Bachar al-Assad, et maintenant l’Oest et les pays Arabs, et les autres pays civilisés du monde, doivent chercher une solution a la crise en Syrie par le chemin des faits, des actes, et jamais plus par les routes chimères des formulations de mots jolis.

L’Observateur Incisif
(The Trenchant Observer)